100 km pour Odysséa, nous l’avons (re) fait !

Serge Da Cunha - 100 km pour Odyssea - feat

100 km pour Odysséa – Ensemble contre le cancer du sein ; Nous l’avons (re) fait !

Nous l’avons donc (re) fait et en ayant relevé le challenge d’améliorer notre temps de référence de presque 14 minutes ! Mais cette course a été loin d’être un long fleuve tranquille comme la Dordogne paisible que nous avons côtoyée pendant cette longue journée.

Serge Da Cunha - 100 km pour Odyssea - dossards

Tout avait pourtant bien commencé : outre tous les messages d’encouragements que j’ai reçus avant, via le téléphone et les réseaux sociaux, parfois avec beaucoup d’originalité, et qui m’ont particulièrement touché et motivé (je vous en remercie énormément !), le départ de la course a été donné à 8h pétante (Philippe lui est parti à vélo à 7h20) sous un soleil resplendissant, sans nuage, mais par une température de 0 degrés (non non je ne me suis pas trompé, il faisait très froid) et avec un speaker qui nous annonce : « Ne vous fiez pas à la température de ce matin, plus de 26° sont attendus dans l’après –midi donc exceptionnellement nous autoriserons à partir de midi les ravitaillements en dehors des points prévus à cet effet (environ tous les 5 kms, règle fédération française d’athlétisme dont la course à le label). Faites attention à vous et gérez bien votre effort, il va faire chaud ! »

des spectateurs chaleureux qui me demandent ce qu’est Odysséa ou pourquoi nous courons en rose et qui nous félicitent

Les 50 premiers kilomètres se sont déroulés sans encombre au gré des paysages magnifiques (la Dordogne, les villages, les châteaux, les Bastides, …) : Philippe récupéré au 10ème kilomètres, une rencontre fort sympathique avec un Auvergnat, des spectateurs chaleureux qui me demandent ce qu’est Odysséa ou pourquoi nous courons en rose et qui nous félicitent, un marathon couru en 4H06 (mieux que mon premier marathon et en ayant pris le temps au 40ème d’aider un coureur qui venait de se faire mal au mollet, c’est l’esprit des 100 kilomètres) et un passage au 50ème en 5h soit à l’allure prévue et jusque-là sans trop de soucis malgré les premières difficultés du parcours.

Serge Da Cunha - 100 km pour Odyssea - officielle

Cette sérénité a duré jusqu’au 55ème kilomètres : nous sommes alors sortis d’une belle piste cyclable arborée sur les hauteurs de Sarlat pour attaquer un raidillon très douloureux pour les jambes et accueillis par un soleil de face dont la chaleur nous plaque au sol…

j’ai beau sautillé, me pincer le nez et retenir ma respiration, me baisser, rien à faire… je vais parcourir 35 kilomètres avec cette oreille bouchée

Il fait maintenant très chaud, peu de vent et les petites pentes s’enchaînent, les petites douleurs aussi, les jambes sont maintenant dures et lourdes j’alterne marche et course, et je m’accroche jusqu’au 65ème kilomètres où là… j’ai l’oreille gauche qui se bouche : j’ai beau sautillé, me pincer le nez et retenir ma respiration, me baisser, rien à faire… je vais parcourir 35 kilomètres avec cette oreille bouchée, désagréable sensation où à chaque pas j’ai une « caisse de résonnance » dans la tête…

je fais un calcul simple, il me reste 30 kilomètres et à cette allure il me faudra 5h (sans compter l’impact de la dernière côte de 2 kilomètres à 6%)…

70ème kilomètres, le soleil de face ne nous quitte plus et sa réverbération sur le bitume ne fait qu’amplifier la chaleur, très peu d’ombre… je marche, je suis maintenant à 10 minutes au kilomètre (6km/h donc) et je n’arrive plus à courir, chaque reprise est un calvaire… je fais un calcul simple, il me reste 30 kilomètres et à cette allure il me faudra 5h (sans compter l’impact de la dernière côte de 2 kilomètres à 6%)… je vais arriver dans les 13h et perdre le challenge… je regarde derrière nous, personne, devant nous personne, je demande même à Philippe si nous ne sommes pas perdus (la rencontre avec un bénévole et le marquage au sol, fruit d’une super organisation, nous rassure), tous les coureurs sont maintenant disséminés le long du parcours, quelques-uns nous doublent parfois et toujours avec un mot d’encouragement sympa, … puis nous sommes seul avec le bruits des grillons, la chaleur et Philippe qui marche à mes côtés en portant le vélo (je vois que ce n’est pas facile pour lui aussi, dans quelle galère je l’ai emmené…).

Serge Da Cunha - 100 km pour Odyssea - Fifi

Je pense à Odysséa, à ma compagne, à CriCri, à vos encouragements, à ces deux dernières années… je « souffre » plus qu’à Millau, le mental en prend un gros coup même si je me dis que cette souffrance est relative par rapport à la maladie, je n’ai plus qu’un objectif aller au bout peu importe le temps.

80ème kilomètres…

80ème kilomètres, je suis toujours en souffrance mais je m’accroche à cette allure de 6-7 km/h pour finir, le soleil est toujours de face, il fait toujours chaud, mon oreille est toujours bouchée, j’ai mal aux adducteurs, les crampes arrivent… nous passons alors devant la maison d’un autochtone qui est dans son jardin et qui passablement éméché me lance une vanne plus que douteuse sur la couleur rose de mon tee-shirt… j’ai envie de lui crier « Gros c.. si tu savais pourquoi je cours ! ».

Je serre les dents et je me remets à courir, l’allure passe à 8 minutes 30 au kilomètre, et … nous entrons dans une zone arborée, enfin un peu de fraîcheur, le température commence à tomber, je sais pourquoi j’ai commencé, je sais pourquoi je suis là.

85ème Kilomètres…

85ème Kilomètres, je suis maintenant à 8 minutes au kilomètre, j’ai repris un peu de fraîcheur, un nouveau calcul (certainement faux), nous pouvons encore le faire… j’alterne 5 minutes de course, 5 minutes de marche, les crampes reviennent mais je serre les dents, les poings, je n’ai plus la rage, j’ai la haine, la haine contre cette maladie, nous passons à 7,5 minutes au kilomètre puis à 7… 90ème, 95ème, c’est nous qui rattrapons maintenant plusieurs coureurs (beaucoup de ceux qui nous avaient doublé avant), je maintiens l’allure jusqu’au 98ème, c’est sûr, pente ou pas, on va le faire, on va faire mieux !

Dernier virage, nous apercevons l’arrivée et je vois ma compagne à 300 mètre de la ligne avec son tee-shirt rose d’Odysséa

98ème, nous attaquons la dernière montée, je me mets en marche rapide (7,2 km/h) et je regarde Philippe grimper à vélo tel un métronome; je suis admiratif de ce qu’il a fait pendant cette journée car ça n’a pas été facile pour lui, merci frérot !

Dernier virage, nous apercevons l’arrivée et je vois ma compagne à 300 mètre de la ligne avec son tee-shirt rose d’Odysséa. Je demande à mon frère d’aller la rejoindre et de poser le vélo pour que l’on passe la ligne tous ensemble. Ma compagne est émue de me voir, je lui prends la main et je l’emmène avec moi vers l’arrivée en criant « c’est pour toi, moi je n’ai rien fait de grand car le cancer c’est toi qui l’a vaincu ! », je pointe l’index vers le ciel « Cri Cri c’est pour toi aussi ! ». Les spectateurs encore nombreux applaudissent à tout rompre, ils savent pourquoi j’ai couru et quelle cause j’ai défendu !

J’apprendrais le lendemain que 35% des participants ont abandonné

A l’arrivée, le speaker annonce, ému de ce qu’il vient d’entendre, « Serge Da Cunha, dossard 115, 12h24:52, 129ème, 56ème dans sa catégorie, il a couru pour l’association Odyssea afin de lutter contre le cancer du sein cause que nous défendons aussi pendant octobre rose, mois de la lutte contre cette maladie ! ».

Les gens continuent d’applaudir et nous félicitent. Ma compagne pleure, j’échange quelques mots avec Philippe qui resteront entre nous, je suis ému, on l’a fait !

J’apprendrais le lendemain que 35% des participants ont abandonné… un taux très élevé, la chaleur a fait de gros dégâts.

Tout c’est donc bien fini : nous rentrons vers notre lieu d’hébergement, la nuit tombe tout doucettement, et nous croisons encore des dizaines de cent-bornards avec leurs accompagnateurs disséminés le long la route qui eux aussi verrons l’arrivée. Pour l’anecdote, mon oreille s’est débouchés en rentrant, lorsque j’ai enlevé mes chaussures…

Dans cette course, je suis passé par tous les états : la motivation, le doute, l’humilité face à la douleur, mais surtout un dépassement de soi qui m’a permis d’aller améliorer mon temps de Millau pour Odysséa… ce temps j’ai été, nous avons été, le chercher, j’ai beaucoup appris sur moi !

Voilà nous avons donc fait mieux… mais ce n’est pas encore tout à fait fini, il nous reste maintenant à atteindre notre objectif de collecte et là, nous comptons sur vous… beaucoup nous ont déjà encouragé par leurs dons et je les en remercie du fond du cœur car en ces temps troublés ces élans de générosité continuent à donner beaucoup de sens aux valeurs humaines. Il n’y a pas de petit ou de grand don, chacun, chaque action, est un élan de solidarité à parts égales.

Pour ceux qui veulent ainsi nous rejoindre et valoriser notre performance, nous vous rappelons que pour nous féliciter, vous pouvez cliquer et ajouter votre pierre à l’édifice : www.alvarum.com/sergedacunha

Pour ceux qui ne souhaiteraient pas passer par la plateforme, qui je le rappelle est entièrement sécurisée et permet d’éditer de suite un reçu fiscal qui vous permettra d’en déduire 66% de vos impôts, n’hésitez pas à me contacter.

Je vous rappelle enfin que les dons collectés seront entièrement reversés à un programme de recherche ou à une association de soutien aux malades parrainés par Odysséa. Nous vous en dirons plus dans les semaines qui viennent.

Cette aventure est belle et l’effort individuel a été transformé en histoire collective, concluons là en apothéose ! Et pour tout cela, il n’y a pas de mot assez fort, que ce soit de moi ou d’Odysséa, pour vous en remercier !

TOUT SEUL JE VAIS PLUS VITE, ENSEMBLE NOUS ALLONS PLUS LOIN !

Bien sportivement et surtout bien solidairement,

Serge & Philippe, Cent-bornards

Pour Christine qui nous regarde de là-haut,

Pour Cathy, Anne-Sophie, Manuela, Martine, Noémie, Anne, Nathalie, Caroline,… et pour toutes celles qui se sont battues et qui continuent encore à se battre au quotidien.

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